Claude Charland


12.  INTRODUCTION

J’AI JOINT LES FORCES ARMÉES CANADIENNES À LA FIN D’OCTOBRE 1951. EN NOVEMBRE, JE QUITTAIS POUR ME JOINDRE AU 2EBATAILLON R 22E RÉGIMENT. PEU APRÈS, JE FAISAIS FACE À LA RÉALITÉ DU CHAMP DE BATAILLE…MON ENTRAÎNEMENT EN MONTAGNE AU JAPON A FACILITÉ LA TRANSITION VERS LA CORÉE. L’ARRIVÉE DU 2E BATAILLON, AU DÉBUT DE JANVIER 1952, COÏNCIDAIT AVEC L’AFFECTATION DE LA 25E BRIGADE D’INFANTERIE CANADIENNE (BDE) À LA RÉSERVE. L’IMMENSE JOIE DE VOIR DES VISAGES FAMILIERS FIT PLACE À L’INCERTIDUDE, CAR LA BDE AVAIT VÉCU LA BATAILLE DE LA COLLINE 355. SON « MAINTIEN FERME » DE SA POSITION PENDANT CINQ JOURS CONTRE DES ATTAQUES MASSIVES PERMIT AUX AMÉRICAINS DE REPRENDRE LA COLLINE (16 MORTS, 44 BLESSÉS, 3 PORTÉS DISPARUS ET PRÉSUMÉS MORTS ‒  QUELQUE 2 000 CHINOIS MORTS – SEULEMENT 742 DÉNOMBRÉS.)

13.  ENSUITE, LE DÉFI DE SE FAIRE ACCEPTER… GRÂCE AU HOCKEY. EN EFFET, LA RIVIÈRE IMJIN GLACÉE NOUS PERMET DE PRATIQUER NOTRE SPORT NATIONAL. AILIER DROIT, IL SE JOINT À L’ÉQUIPE DU BATAILLON OÙ IL SE DÉBROUILLE BIEN AU TOURNOI À LA RONDE. LA BDE ÉTAIT ENCORE AFFECTÉE À LA RÉSERVE, LES SPECTATEURS ÉTAIENT NOMBREUX ET ENCOURAGEAIENT LEUR ÉQUIPE D’UNITÉ RESPECTIVE. LE MORAL ÉTAIT MEILLEUR, LA CONCURRENCE FÉROCE ET AUX DIRES DE PLUSIEURS, REGARDER LES PARTIES ET ENCOURAGER LEUR ÉQUIPE LES RAPPROCHAIENT DE CHEZ EUX.

14.  ÇA NE POUVAIT PAS TOUJOURS DURER. LA BDE SE RAPPROCHA DE LA LIGNE DE FRONT, PRÈS DE LA VALLÉE SAMICHON, ALORS QUE LE COMBAT ÉTAIT DEVENU UNE « GUERRE DE PATROUILLES ». À LA FIN DE FÉVRIER, LA RIVIÈRE IMJIN COMMENÇA À DÉGELER, JUSTE À TEMPS POUR LA FINALE DE HOCKEY OPPOSANT LES PATS ET LES VINGT-DEUX. JOUER SUR L’ÉQUIPE FACILITE, DE TOUTE ÉVIDENCE, SON INTRODUCTION COMME COMMANDANT DE PELOTON. IL POUVAIT FAIRE PARTIE DE L’ÉQUIPE ET BIEN SE DÉBROUILLER. IL POUVAIT SE DONNER À FOND SANS RELÂCHE, SANS SE VANTER. IL DEVAIT POURTANT Y AVOIR UNE DEUXIÈME ÉTAPE, UNE « VRAIE ÉPREUVE ».

15.  MÊME SI LES POURPARLERS DE PAIX SE POURSUIVAIENT DEPUIS UN BON MOMENT DÉJÀ, LA SITUATION SUR LE CHAMP DE COMBAT S’ÉTAIT STABILISÉE. IL S’AGISSAIT MAINTENANT D’UNE « GUERRE DE PATROUILLES » EN VUE DE CONTRÔLER LE “NO MAN’S LAND” ENTRE LES FORCES ENNEMIES. SANS VOULOIR DÉCRIRE TROP EN DÉTAIL DES HISTOIRES DE GUERRE, IL FAIT SA PREMIÈRE PATROUILLE… 26 HOMMES DONT LA MISSION EST DE CAPTURER UN PRISONNIER CHINOIS. NOTRE PATROUILLE EST EMBUSQUÉE… UN COMBAT-ÉCLAIR CORPS À CORPS DE TROIS MINUTES DANS L’OBSCURITÉ TOTALE. C’EST FINI – UNE MONTÉE D’ADRÉNALINE – RASSEMBLER LES TROUPES… EST-CE QU’IL MANQUE DES HOMMES? CINQ D’ENTRE EUX SONT BLESSÉS, TROIS NE PEUVENT PAS MARCHER….IL FAUT DEMANDER LE SOUTIEN DES MORTIERS, REGAGNER NOS LIGNES CONTRÔLÉES. NOUS NOUS EN TIRONS ET SURVIVONS TOUS. UN CAPORAL DANS MA SECTION D’ARRIÈRE-GARDE SE VOIT ACCORDER LA MEDAILLE MILITAIRE CAR IL A SAUVÉ LA VIE DE SIX DE SES CAMARADES. LE LENDEMAIN, JE N’ÉTAIS PLUS SIMPLEMENT « LELIEUTENANT ». J’ÉTAIS DEVENU « MON LIEUTENANT ». CERTAINS DE MES HOMMES SE SONT MÊME HASARDÉS À ME DIRE EN SOURIANT : « HÉ, MON LIEUTENANT, TU Y AS GOÛTÉ, HIER SOIR ».

16.  À BIEN Y PENSER, PLUSIEURS FACTEURS M’ONT PERMIS DE FRANCHIR LA DEUXIÈME ÉTAPE POUR ÊTRE ACCEPTÉ À TITRE DE LEUR COMMANDANT DE PELOTON. LA PRATIQUE DES SPORTS Y A GRANDEMENT CONTRIBUÉ : RÉFLEXES AIGUISÉS, ANALYSE DE LA SITUATION EN UN COUP D’ŒIL, OPTIONS POSSIBLES, RÉSISTANCE, RALLIEMENT DANS DES CIRCONSTANCES DIFFICILES, DISCIPLINE DE SOI-MÊME, CONFIANCE ET SENTIMENT D’ACCOMPLISSEMENT. QUEL SOULAGEMENT ET QUELLE SATISFACTION….J’AVAIS RÉUSSI. JE LEUR APPARTENAIS ET ILS ÉTAIENT MIENS.

KCS 1503